Mouvement sur la ville : Danse en marge
Kanyar, en créole réunionnais, signifie “personne en marge de la société”. Un terme philosophique qui peut aussi évoquer le leader ou, dans un langage familier, le délinquant. Ce sont ses aspects que le chorégraphe et danseur Didier Boutiania aborde dans son solo Kanyar épilogue, à voir samedi 30, dans le cadre du festival Mouvements sur la ville. Membre de Soul City depuis 2004 – le plus ancien crew hip-hop de la Réunion (1996) devenu compagnie en 2008 –, Didier Boutiana s’attaque à son premier solo.
“Ça me sort d’un certain confort car je n’ai chorégraphié que des trios, précise-t-il. Comme le mot kanyar évoque la marge, il m’a semblé logique d’évoluer seul sur scène. Cela correspond aussi à un moment dans ma carrière où j’ai envie de changement et de casser des codes.”
Postures et tics.
Autodidacte, Didier Boutiana a découvert le hip-hop à 16 ans. Devenu chorégraphe de Soul City en 2011, il tient à développer un langage particulier pour chacune de ses créations. Selon lui,
“Le hip-hop est avant tout une philosophie. La danse est un prétexte pour se rassembler, former une seconde famille. Cela me semble plus important que les mouvements en eux- mêmes.”
Pour Kanyar, Didier Boutiana a étu- dié les postures d’un homme seul, ses regards, ses habitudes, ses tics… Pour ensuite les traduire dans la chorégraphie et les mettre en espace. En parallèle, il a construit un univers visuel et sonore, avec une dizaine de collaborateurs. Une première, car il n’avait jamais travaillé avec autant de monde, alors qu’il danse… seul.
“À la musique, j’ai invité des amis : Labelle, qui com- pose pour mes spectacles depuis 2015, ainsi que la chanteuse Maya Kamaty. On a tous entre 28 et 35 ans et on forme la nouvelle génération d’artistes réunionnais.”
Cécile Guyez